L'intelligence artificielle (IA) transforme les industries à l'échelle mondiale. Parallèlement, elle pose des défis environnementaux significatifs. Les leaders technologiques comme Google, Microsoft et Amazon doivent naviguer entre innovation et responsabilité écologique.
Les data centers sont essentiels pour l'IA, mais leur fonctionnement consomme d'importantes quantités d'énergie et d'eau, augmentant ainsi les émissions de carbone. En 2022 et 2023, ces centres, avec les cryptomonnaies et l'IA, ont utilisé 460 TWh d'électricité, soit 2% de la demande mondiale, et jusqu'à 4% dans des régions densément peuplées de data centers comme les USA, la Chine et l'UE. Avec environ 10 000 data centers à travers le monde, dont 33% aux États-Unis, 16% en Europe et 10% en Chine, leur impact sur la consommation énergétique est considérable, représentant 1,5% à 2% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Les émissions de Google ont ainsi augmenté de 48% depuis 2019, une hausse similaire étant observée chez Microsoft et Amazon. Selon le rapport de durabilité 2023 de Microsoft, son empreinte carbone a crû de 29% en un an, principalement à cause de nouveaux data centers. La construction de ces installations est devenue une cause principale de l'augmentation des émissions de CO2 associées à l'IA générative, soulignant l'urgence de développer des pratiques plus durables.
Les prévisions de l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE) estiment que la consommation électrique des data centers pourrait s'élever entre 620 et 1 050 TWh en 2026, avec une estimation de base de plus de 800 TWh, marquant une augmentation significative de 160 à 590 TWh depuis 2022. Cette croissance rapide est accompagnée par une expansion continue des infrastructures. En Europe, le nombre de data centers devrait plus que doubler d'ici 2025 pour satisfaire la demande croissante de stockage. Aux États-Unis, les projets de construction planifiés jusqu'au second semestre de 2023 dépasseront déjà la capacité existante. Cette expansion met en évidence la nécessité de développer des infrastructures ayant un moindre impact environnemental.
Pour répondre aux défis environnementaux, des entreprises comme Microsoft et Amazon investissent dans des régions comme l'Aragon en Espagne, bénéficiant de ressources en énergies renouvelables. Ces centres de données, prévus pour être alimentés par l'énergie solaire et éolienne, représentent une initiative pour diminuer l'impact écologique tout en soutenant la demande numérique croissante. Néanmoins, bien que l'augmentation de la demande en électricité soit anticipée, les émissions de gaz à effet de serre devraient rester stables à environ 2% des émissions mondiales, grâce à l'acquisition de Green PPA par les principaux opérateurs de data centers.
Bien que les data centers aient amélioré leur efficacité énergétique, cela reste insuffisant face à la croissance rapide de la demande en puissance de calcul. La régulation de l'IA générative progresse lentement : l'IA Act européen voté en mars 2024 ne sera effectif qu'en 2026. Les entreprises doivent donc s'autoréguler sans attendre ces réglementations, en établissant leurs propres limites pour minimiser les risques réputationnels et financiers. Utiliser des bâtiments existants pour les data centers plutôt que d'en construire de nouveaux pourrait également réduire l'impact environnemental.
Les avancées en IA offrent de nombreux avantages mais posent également des risques environnementaux. Pour que l'innovation soit véritablement bénéfique, les entreprises technologiques doivent adopter une approche consciente de l'écologie, intégrant la durabilité au cœur de leurs innovations. Chaque développement doit être évalué tant pour son potentiel technologique que pour son impact environnemental, afin de favoriser un avenir plus durable.
Marie
Consultante IA
marie.wald@strat37.com
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